Infolettre 381 - 24 mai 2024 : Berbérine et prédiabète • Zinc, asthme et surpoids • GABA et dépression Berbérine et prédiabète Chez des prédiabétiques, la prise de berbérine diminuerait tous les marqueurs du contrôle de la glycémie, freinant ainsi une possible évolution vers un diabète de type 2. Le prédiabèteChez une personne prédiabétique, la glycémie est plus élevée que la normale mais insuffisamment pour qu’un diagnostic de diabète soit établi. A ce stade, aucun symptôme physique n’est observé. Cependant, il précède souvent le diabète de type 2. Celui-ci augmente le risque de maladies microvasculaires telles que la rétinopathie, la néphropathie ou la neuropathie en même temps que d’une implication du système macrovasculaire incluant maladies cardiaques et AVC. Il est donc important d’empêcher la progression du prédiabète en diabète de type 2.L’intérêt de la berbérineLa berbérine est un alcaloïde isoquinoléique présente dans de nombreuses plantes dont l’épine-vinette appelée également berbéris. Elle possède des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Elle est utilisée en Chine et en Inde par les médecines traditionnelles depuis plusieurs centaines d’années.Il a été rapporté que la berbérine abaisse efficacement la glycémie et les lipides sanguins. On ne connait pas encore complètement les mécanismes par lesquels la berbérine produit ces effets. Cependant, il semble qu’elle agisse sur la sensibilité à l’insuline, augmente la consommation et l’absorption du glucose dépendantes de l’insuline dans les hépatocytes, les adipocytesLes adipocytes ou cellules adipeuses sont des cellules des tissus adipeux. Leur rôle est de stocker... et les myotubes. L’autorité européenne de sécurité des aliments, l’Efsa, reconnait notamment que la berbérine contribue au maintien d’une glycémie normale.Quels effets sur le prédiabète ?Trente-quatre personnes prédiabétiques ont été enrôlées dans une étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle. Pendant douze semaines, elles ont pris trois fois par jour 500 mg de berbérine ou un placebo. La berbérine utilisée dans l’étude est un extrait aqueux de Berberis aristata.Les résultats montrent que, par rapport au placebo, la berbérine a abaissé la glycémie à jeun et l’hémoglobine glyquée en-dessous du seuil de prédiabète. Elle a également significativement réduit l’HOMA-IR, indiquant une amélioration de la sensibilité à l’insuline. Aucune toxicité hépatique ni effet secondaire sérieux n’ont été détectés. D’autres études sur un plus grand nombre de personnes sont nécessaires pour confirmer ces résultats.Note : L’Anses a émis, en 2019, un avis appelant l’attention des professionnels de santé sur les nombreuses interactions médicamenteuses avec la berbérine, susceptibles de compromettre l’efficacité de certains traitements, notamment anticancéreux : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2018SA0095.pdfPanigrahi A et al., Efficacy and safety of HIMBERB berberine on glycemic control in patients with prediabetes : double-blind, placebo-controlled and randomized pilot trial. BMC Endocrine Disorders 2023 ; 23 : 1900 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez Zinc, asthme et surpoids Dans une population d’enfants en surpoids ou obèses, une étude montre une association inverse entre l’asthme et la consommation de zinc. Au cours de l’enfance, l’asthme est la maladie respiratoire chronique la plus présente. Elle est caractérisée par une inflammation des voies respiratoires et un déséquilibre redox.Asthme et surpoidsLe surpoids et l’obésité sont de plus en plus présents chez les enfants et les adolescents. Chez ces derniers, le risque de développer un asthme est plus important que chez les autres. Leur fonction pulmonaire est diminuée, ils sont plus susceptibles à des exacerbations de la maladie et répondent moins bien aux traitements conventionnels que les enfants et adolescents de poids normal.L’intérêt du zincLe zinc, le second élément-trace le plus présent chez les mammifères est responsable d’une fonction particulièrement importante dans la régulation de l’inflammation et de la réponse immunitaire. De plus, il contribue à l’équilibre oxydants/antioxydants en agissant comme cofacteur de l’enzyme antioxydante, la superoxyde dismutase ou SODLa SOD est un maillon essentiel du système enzymatique de défense antioxydant de l’organisme et ....Une insuffisance d’apport en zinc pourrait contribuer à des troubles pulmonaires et à l’exacerbation des symptômes de l’asthme. Des recherches ont essayé d’établir une association entre le zinc et l’asthme et ont donné des résultats inconsistants. Cependant, plusieurs études ont montré que les personnes asthmatiques avaient de plus faibles concentrations de zinc dans le sérum, les cheveux ou les expectorations. Cependant d’autres études n’ont pas, elles, trouvé d’association de ce type avec l’asthme.Zinc, asthme et surpoidsDes chercheurs ont voulu évaluer la corrélation entre la consommation alimentaire de zinc et l’occurrence de l’asthme parmi des enfants et adolescents obèses ou en surpoids. L’enquête nationale d’examen de la santé et de la nutrition, NHANES (2011-2020) a fourni des données concernant des personnes âgées de moins de 20 ans. Un total de 4597 enfants et adolescents avait été enrôlé, dont 20,9 % souffraient d’asthme.L’analyse des données montre une association inverse entre la consommation alimentaire de zinc et l’asthme dans une population pédiatrique obèse ou en surpoids. Par rapport aux enfants présentant un poids sain, ceux obèses ou en surpoids avait un plus grand risque de développer un asthme. De plus, ces enfants avaient tendance à être plus sévèrement malades et à moins bien répondre aux corticoïdes inhalés. Ces résultats soulignent les implications potentielles du zinc pour la prévention et la prise en charge de l’asthme, notamment chez les enfants et adolescents obèses ou en surpoids.Cheng C et al., Association between zink intake and asthma in overweight or obese children and adolescents : a cross-sectional analysis of NHANES. World Allergy Organization Journal, 2024 ; 17 : 100900.0 PartagesPartagezTweetezPartagez GABA et dépression Une supplémentation en GABA, l’acide gamma-aminobutyrique, aurait des effets bénéfiques sur la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC), la réponse émotionnelle et l’efficacité du sommeil. La variabilité de la fréquence cardiaque (VFC)Le rythme cardiaque augmente à l’inspiration et diminue à l’expiration. L’activité parasympathique est elle aussi diminuée au cours de l’inspiration. La variabilité de la fréquence cardiaque correspond à ces fluctuations du rythme cardiaque.La variabilité de la fréquence cardiaque est modulée par les branches sympathique et parasympathique du système nerveux autonome. Elle est influencée par le mode de vie et, en particulier, par l’activité physique, l’alimentation et le rythme du sommeil. Ainsi, chez des personnes sédentaires et en mauvaise forme physique, on observe fréquemment un déséquilibre du système nerveux autonome, avec une augmentation de l’activité sympathique et une atténuation de l’activité parasympathique.D’autre part, une diminution de la VFC est associée chez l’adulte aux risques d’accidents cardiaques. Enfin, une VFC élevée serait associé à une bonne santé physique et psychologique.Par rapport à des personnes sans trouble psychiatrique, la VFC de personnes anxieuses ou dépressives serait plus basse. Cette baisse correspondrait à une diminution du tonus vagal et à une activation du système sympathique, liées à une perturbation des mécanismes émotionnels.Un neurotransmetteurLes neurotransmetteurs sont des messagers chimiques qui permettent aux neurones, qui les produisent,... inhibiteurLe GABA est le principal neurotransmetteurLes neurotransmetteurs sont des messagers chimiques qui permettent aux neurones, qui les produisent,... inhibiteur et joue un rôle fondamental pour le fonctionnement du système nerveux central. Il abaisse l’activité nerveuse des neurones sur lesquels il se fixe. Il est ainsi impliqué dans la gestion du stress, de l’anxiété, des troubles du sommeil ainsi que dans la variabilité de la fréquence cardiaque.Quels effets sur des femmes sédentairesTrente femmes, âgées de plus de 18 ans, sédentaires, obèses ou en surpoids ont été enrôlées dans une étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle. Pendant trois mois, elles ont pris, 30 mn avant le coucher, 200 mg de GABA ou un placebo. Pendant cette période, elles ont toutes suivi un programme d’entrainement physique.Les résultats montrent que par rapport au placebo, le GABA a renforcé l’efficacité du sommeil des participantes. Une amélioration de la réponse émotionnelle, caractérisée par une diminution des affects négatifs a également été observée. La prise de GABA a également amélioré les scores de dépression. Enfin, une augmentation de la VFC a été notée.Guimaraes AP et al., GABA supplementation increased heart-rate variability, emotional response and reduced depression in sedentary overweight women undergoing physical exercise : placebo-controlled, randomized clinical trial. Journal of Dietary Supplement, 2024 February 6.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 24 mai 2024